Une assurance smartphone : en a-t-on vraiment besoin ?

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Au prix que coûte un smartphone, on ne parle plus d’achat mais d’investissement sur l’avenir. Et, comme tout investissement, on craint qu’une chute malencontreuse ou qu’un vol à l’arraché vienne nous priver de notre possession. Or, les vendeurs en téléphonie proposent des contrats d’assurance smartphone censés nous prémunir contre ce type d’incidents. Mais peut-on réellement compter dessus ? A-t-on la moindre chance de se faire rembourser en cas de pépin ?

Protéger son précieux téléphone portable

L’offre en assurance smartphone s’est multipliée ces dernières années. En cause : la valeur exponentielle des téléphones portables, qui valent désormais leur pesant d’or. Et comme tout ce qui a de la valeur, un smartphone moderne est aussi attirant pour le regard des voleurs qu’il est précieux pour son propriétaire. De sorte que les assureurs ont développé toutes sortes de garanties dédiées.

Ces assurances rencontrent un grand succès. Elles s’appuient sur un argument commercial imparable : en cas de casse ou de vol, sans une assurance ad hoc, vous devrez investir dans un nouveau terminal pour ne pas continuer de payer votre forfait mensuel pour rien. Encore plus si vous avez acheté un mobile hors de tout forfait, n’importe quel appareil haut de gamme coûtant dans les 600 ou 700 €.

Or, l’autre argument séduisant, c’est qu’une assurance smartphone est quasiment indolore, financièrement parlant. Entre 5 et 15 € par mois en moyenne, on vous offre une sécurité pour votre nouvel iPhone 6 ou votre Samsung Galaxy 7 qui valent 20, 30 ou 50 fois plus cher. Et ces petites sommes sont souvent noyées dans de gros forfaits qui englobent parfois l’Internet et la télévision.

Si vous êtes tenté par une telle assurance, jetez un œil à ce comparatif.

Assurance (pas) tous risques

Ces arguments sont-ils valables ? Doivent-ils vous encourager à souscrire une assurance smartphone ? Oui et non. Oui, car le risque est réel : les terminaux de grande valeur attirent l’attention des brigands de tout poil, et une simple chute peut parfois avoir des conséquences désastreuses sur des appareils de haute technologie d’une fragilité extrême.

Non, car le coût n’est pas si indolore qu’il en a l’air. Pour un smartphone haut de gamme, une assurance tout-risque peut coûter dans les 10 à 15 € par mois. Sur 12 mois, la somme monte vite à 120 ou 180 € à l’année. D’autres garanties sont payables en une seule fois, pour une somme à peu près équivalente. Et 180 € l’année, ça allège tout de suite plus le portefeuille que 15 € mensuels.

Mais il y a plus important. Pour le prix de l’assurance smartphone, on attend au moins, en retour, un remboursement en cas de problème. Or, rien n’est moins sûr. Entre exclusions de garantie et conditions d’indemnisation draconiennes, c’est souvent trop tard que vous vous rendez compte que, non, votre assurance ne couvre pas l’incident en question.

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Pourquoi l’assurance smartphone ne marche presque jamais

Au moment de souscrire une assurance smartphone auprès de votre revendeur, la première chose à faire consiste à lire le contrat dans le détail, conditions générales et paragraphes en petits caractères inclus. Cherchez les exclusions de garantie, si elles sont précisées, afin d’éviter les mauvaises surprises, exactement comme vous le feriez d’une assurance voyage ou logement.

En principe, l’assurance doit couvrir : le bris accidentel, le vol caractérisé et l’utilisation frauduleuse du téléphone (quelqu’un qui vous l’a « emprunté », ou piraté, et qui s’amuse à appeler en Australie). Voyons maintenant dans le détail comment tout ça fonctionne.

La notion de « bris accidentel »

Pour que votre assurance smartphone vous indemnise en cas de casse, il faut que la chute de votre téléphone ou le coup qu’il a reçu soient considérés comme accidentels, c’est-à-dire « extérieurs » à l’utilisateur. Faire tomber son terminal dans les WC ou tester sa résistance en le laissant choir du 4e étage, ne sont pas des situations que l’on peut qualifier d’accidentelles.

Il faut donc qu’un phénomène extérieur s’en prenne au smartphone : chute d’un arbre pile poil dessus, roulade dans un escalier avec le téléphone à la main à cause d’une marche brisée, terminal qui vole dans les airs suite à une bousculade, ouragan qui emporte l’appareil au pays du magicien d’Oz, etc. La garantie s’applique alors, ainsi que l’indemnisation.

D’accord, mais la question est la suivante : pourrez-vous prouver à votre assureur que c’est bel et bien ce qu’il s’est passé ? Saurez-vous le convaincre que la marche qui vous a fait choir était bien cassée ? Et d’ailleurs, pourquoi aviez-vous votre téléphone à la main ? Vous n’êtes jamais assuré (l’ironie est amusante) de bénéficier des conditions d’indemnisation.

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La notion de « vol caractérisé »

En général, les contrats d’assurance smartphone précisent que si vol il y a, il doit être accompagné d’effraction ou d’agression. Quelqu’un est entré chez vous et a mis la main sur le téléphone ? Il doit avoir forcé l’entrée. (Voyez aussi ce que couvre votre assurance habitation.) On vous a dérobé votre terminal dans la rue ? Il faut qu’il y ait eu menace ou contrainte physique.

Maintenant, à vous de jouer : allez prouver que le fourbe vous a menacé physiquement. C’est cynique, mais dans l’absolu, si on vous vole votre Samsung à 600 €, il faudrait presque réclamer un petit coup sur la tête au passage, histoire de pouvoir porter plainte pour agression et d’avoir une chance de convaincre l’assureur que vous ne pouviez vraiment rien faire pour empêcher le vol.

Pourquoi tant de suspicion ? Parce que les assureurs se méfient des fraudeurs, de ceux qui voudraient faire passer un accident pour un vol, ou se faire payer un téléphone gratuit en plus du leur. Si 5 ou 15 € mensuels sont des sommes indolores sur une facture, elles rendent également les contrats de garantie peu rentables pour les assureurs, surtout pour des téléphones à plusieurs centaines d’euros.

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Une garantie kafkaïenne

De fait, une demande d’indemnisation pour le bris accidentel ou le vol d’un téléphone peut vite tourner à la démarche administrative kafkaïenne, même si vous avez souscrit une assurance smartphone. Sans parler des paramètres liés à la procédure à suivre, qu’il faut bien avoir vérifiés avant toute signature :

  • Les délais de déclaration de sinistre : ils sont relativement courts, comptez en moyenne 2 jours pour un vol et 5 jours pour une perte ou un dommage.
  • Les justificatifs à fournir à l’assurance : déclaration de vol au commissariat, témoignages de personnes tierces, etc.
  • Les renseignements indispensables à communiquer à l’assureur : votre facture d’achat et le numéro IMEI de l’appareil, inscrit sur la boîte et à l’intérieur du terminal.

Plus de détails sur cet article très bien fait de Que Choisir.

Si vous devez souscrire une assurance smartphone, prenez soin de vérifier les conditions d’indemnisation, les exclusions de garantie et les démarches précises à effectuer. Et croisez les doigts pour que, malgré tout, rien n’arrive à votre précieux appareil !

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