Vous-êtes vous déjà retrouvés devant quelqu’un qui vient amicalement vous saluer dans la rue, sans que vous sachiez qui est cette personne ? Cette situation est le quotidien des 2.5% de la population atteinte de prosopagnosie, ou l’incapacité à reconnaître les visages. Quelles sont les méthodes pour dépister cette maladie ? Quelles sont les répercussions de ce trouble sur le quotidien des sujets ?
Un problème communément ignoré
Comme la plupart des troubles faisant appel à la mémoire visuelle, la prosopagnosie est liée à une faiblesse partielle du cerveau qui se révèle incapable de reconnaitre un visage parmi d’autres, même lorsque la personne qui se trouve en face de vous vous est totalement familière. Deux formes de cette maladie sont communément identifiées : l’une est congénitale et se présente au patient dès sa naissance, l’autre, au contraire, survient principalement suite à une lésion cérébrale qui peut être provoquée par un traumatisme crânien ou un arrêt cardio-vasculaire.
La prosopagnosie congénitale est décrite pour la première fois le neurologue Joachim Bodamer en 1947. Ces études portent sur deux soldats ayant survécu à la Seconde Guerre mondiale et ayant subi de graves lésions cérébrales.
Ce n’est qu’il y a 20 ans à peine que l’autre forme de prosopagnosie a pu être identifiée, grâce, notamment, aux progrès de l’imagerie cérébrale. Avant cela, les sujets prosopagnosiques étaient considérés soit comme êtres arrogants et égoïstes, soit comme des gens un peu moins intelligents que la normale. Les études récentes du dernier siècle ont donc permis de prendre en considération ce problème. D’autres facteurs ont également participé à la publicité de ce trouble depuis son identification.
Brad Pitt, atteint de prosopagnosie
Cette maladie longtemps ignorée par les spécialistes cause de nombreux problèmes d’intégration sociale à ceux qui en sont altérés. Dernièrement, cette pathologie a bénéficié d’une attention médiatique particulière, après que l’acteur Brad Pitt a avoué être lui-même atteint de la maladie. « Tellement de gens me détestent parce qu’ils pensent que je leur manque de respect » a-t-il avoué au Magasine Esquire. Cette anecdote révèle l’impuissance des patients atteints et la difficile acceptation sociale de ce trouble peu commun.
D’autres personnes célèbres sont également atteintes de ce trouble, comme l’acteur Thierry Lhermitte ou le présentateur télé Philippe Vandel. Ces personnalités n’hésitent plus à parler de leur maladie et grâce aux moyens de communication actuels, participent à l’acceptation et à la reconnaissance de l’incapacité à reconnaitre des visages.
Quelles solutions ?
Heureusement, il existe aujourd’hui des solutions adaptées pour dépister la prosopagnosie. Des spécialistes tels que le Dr Martina Grüter proposent des travailler autour des portraits, sous la forme de jeux. Ceux-ci se basent sur les règles du Memory où il s’agit de cacher des cartes représentant les visages de proches ou de camarades d’école. Cela permettrait aux jeunes enfants de stimuler leur mémoire visuelle en se focalisant sur les détails des visages, pour ainsi pallier la faiblesse du cerveau dont ils sont victimes.
D’autres tests de dépistage existent également, comme celui des visages célèbres, ou le BFRT, le test de reconnaissance faciale de Benton, qui se fonde sur la présentation de visages identiques que l’on soumet aux sujets prosopagnosiques sous différents angles.
Il n’existe malheureusement, à ce jour, aucune forme de guérison connue ou de traitement miracle. Les individus atteints de prosopagnosie doivent, par eux-mêmes, apprendre à identifier les gens qui les entourent par d’autres moyens sensoriels, comme le son de leur voix ou leur odeur corporelle, un peu à la façon des non-voyants.
Au-delà des problèmes de sociabilisation que peut provoquer la prosopagnosie, cela peut également engendrer des difficultés plus importantes. Chez l’enfant par exemple, il existe un risque de suivre n’importe qui dans la rue ou à la sortie de l’école. Plus généralement, les malades sont beaucoup plus sujets au stress, à l’appréhension du jugement des autres, ou au manque de confiance en soi. Le problème principal est donc celui de l’acceptation sociale des troubles des autres et notre ouverture d’esprit à tous !